Festival d’Aurillac et scènes rurales
Anne-Laure et André. Une ferme, une maison de granit en Haute-Loire, des champs, des prés, et puis le souvenir de ce » dos « , le dos d’André qui a bouleversé Anne-Laure un beau matin. Jusqu’à ce qu’il se mette à changer, grossir, maigrir, loucher. Plus le même homme ce Dédé…
André est un monologue, ou plutôt une confession que le personnage d’Anne-Laure fait au lecteur-spectateur. Nous sommes dès lors placés devant les petits accidents et les hasards de la vie qui prennent des dimensions démesurément grandes. Anne-Laure, et le lecteur-spectateur le sent dès le lever du rideau, a besoin de parler. Elle se met alors à retracer l’histoire de sa relation avec André, son mari. Dans ce flot de paroles où Anne-Laure se souvient des détails qui l’ont séduite chez André, le lecteur-spectateur distingue toute la déchéance du couple après le coup de foudre. Car il y a bien eu coup de foudre, et Anne-Laure se souvient de cette fascination qu’elle a ressenti pour le corps d’André, pour son dos, pour son sourire. Mais c’est bel et bien la déception qui fait parler Anne-Laure, dont la désillusion est douloureuse. André semble en effet perdre peu à peu tous les attraits qui avaient charmé sa femme et « l’homme au dos » (comme l’appelle Anne-Laure) se change en « un visage de noyé ».
Philippe Minyana
2002